MARCHE POUR LA LIBERTÉ D’ÖCALAN

C’est devenu une tradition pour les Kurdes de toute l’Europe de défiler à Strasbourg le 15 février, date anniversaire de la capture d’Abdullah Öcalan. Mais en ce mois de février, toute l’attention était portée sur l’aide aux survivants des tremblements de terre. La marche pour la liberté d’Öcalan a été reportée de deux mois et la marche principale a été déplacée en Allemagne, où se trouve la plus grande communauté kurde en dehors du Kurdistan. D’autres marches ont eu lieu à Londres, Vienne et Marseille.

À Düsseldorf, des femmes kurdes ont pris la tête de milliers de personnes venues de différentes parties de l’Europe pour une marche qui a débuté à la gare centrale et s’est achevée dans le Rheinpark. Foza Yûsif, du Parti de l’union démocratique (PYD), qui tente de mettre en pratique les idées d’Öcalan dans le nord et l’est de la Syrie, a pris la parole lors du rassemblement final.

Cemîl Bayik, co-président de l’Union des communautés démocratiques du Kurdistan (KCK), s’est adressé au rassemblement par vidéo, en commençant par la signification historique de la manifestation :

Il est bien connu que le peuple kurde a retrouvé son identité grâce au leader Apo [Öcalan] en luttant à ses côtés et en se développant en tant que nation. L’ennemi occupant et génocidaire mène une politique de génocide contre le peuple kurde, notamment par son approche du leader Apo”.

M. Bayik a également évoqué le traité de Lausanne qui, il y a un siècle, a divisé le Kurdistan, laissant les Kurdes opprimés par quatre États différents :

Nous approchons du 100e anniversaire de l’alliance de Lausanne. Il est notoire qu’à travers cette alliance, la politique négationniste et le génocide contre notre peuple sont maintenus en vie. Pourtant, Rêber Apo [Öcalan], le PKK et le peuple kurde ont vaincu l’alliance de Lausanne par leur lutte. Ils ont rendu cette alliance insignifiante. Le peuple kurde ne veut plus vivre selon le traité de Lausanne. Il veut vivre librement. C’est sa décision claire. Aujourd’hui, tout le monde doit accepter cette décision de notre peuple”.

La politique kurde passe d’un moment de tension à un autre, et aujourd’hui la crise de l’isolement complet d’Ocalan est combinée à la préparation d’une élection qui décidera si la Turquie retournera vers la démocratie ou s’enfoncera davantage dans un abîme autocratique. M. Bayik a souligné l’importance des prochaines élections en Turquie, où les espoirs kurdes sont incarnés par l’Alliance pour le travail et la liberté, dont le principal constituant est la Gauche verte, dominée par le Parti démocratique des peuples (HDP).

Le destin de la Turquie est entre les mains de l’Alliance [travailliste et libre] lors des prochaines élections. Je suis convaincu que cette alliance remplira son rôle historique lors des élections, tant pour les Kurdes que pour tous les peuples de Turquie. L’alliance et toutes les forces démocratiques doivent enfin mettre fin au gouvernement AKP/MHP. Nous avons mis fin à ce gouvernement grâce à notre lutte et à notre résistance. Maintenant, l’Alliance [Travail et Liberté] doit achever cela lors des élections”.

Le lien entre l’élection et la lutte pour la liberté d’Öcalan a été clairement établi par Remzi Kartal, co-président de Kongra Gel, qui s’est adressé aux milliers de personnes rassemblées à Marseille :

La liberté d’Öcalan dépend de la résistance. Une résistance et une lutte accrues de notre peuple les obligeraient à s’asseoir à la table des négociations avec Öcalan. On le verra clairement lorsque notre peuple aura renvoyé le chef fasciste Erdoğan et doublé les voix du Parti de la Gauche Verte (YSP) le 14 mai”.