Öcalan et l’UE

Lorsque la Commission Civique Union Européenne-Turquie (EUTCC) a tenu sa première conférence au Parlement européen en 2004, il n’a pas été jugé prudent de parler d’Abdullah Öcalan. Lors de leur 17ème conférence, qui s’est tenue la semaine dernière, la situation d’Öcalan et son importance pour la résolution de la question kurde ont été des thèmes récurrents, et la première session du panel a été consacrée à une discussion sur İmralı.

Comme l’a fait remarquer Barbara Spinelli, coprésidente de l’Association européenne des juristes pour la démocratie et les droits de l’Homme dans le monde, dans l’introduction de cette session, la situation d’Öcalan est unique en Europe. Il purge une peine de mort à vie, et si les institutions européennes tolèrent cette situation, elles en deviennent complices.

Raziye Öztürk, l’un des avocats d’Öcalan, a expliqué que les institutions européennes devaient d’abord respecter leurs propres lois. Cela signifie qu’elles ne devraient pas laisser le dossier d’Öcalan en suspens pendant douze ans et qu’elles ne devraient pas permettre à la Turquie de ne pas mettre en œuvre les recommandations du Comité pour la prévention de la torture (CPT) du Conseil de l’Europe.

Un autre avocat d’Öcalan, Mahmoud Shakar, a parlé de l’importance de retirer le PKK des listes des organisations terroristes, en faisant remarquer que la décision de classer le PKK comme terroriste était politique et non juridique, et que la liste de l’UE a été établie à un moment où le PKK avait déclaré un cessez-le-feu et avait appelé à une résolution pacifique.

Meral Beştaş, vice-présidente du groupe du Parti démocratique des peuples (HDP), a qualifié la situation d’Öcalan de sans précédent et d’absolument illégale. Et Ilhan Ahmad, coprésident du comité exécutif du Conseil démocratique syrien, a souligné l’importance vitale de l’implication d’Öcalan dans la résolution de la question kurde.

La résolution finale de la conférence stipule que :

L’ouverture des portes de la prison d’Imrali, qui, en tant qu’espace de non-droit, est le point de départ des violations les plus massives des droits de l’Homme dans les prisons turques, est une nécessité historique qui n’a que trop tardé. L’Union européenne, le Conseil de l’Europe et en particulier le CPT sont appelés à épuiser tous les mécanismes pour mettre fin à l’anarchie qui règne à Imrali et pour permettre aux avocats d’accéder librement à l’île. La conférence de l’EUTCC appelle à un retour au dialogue entre l’État turc et le PKK et à la libération d’Abdullah Öcalan comme condition préalable à une solution durable.

Öcalan n’a pu communiquer avec personne en dehors de la prison d’İmralı depuis près de deux ans, mais il était bien présent à Bruxelles la semaine dernière.