
Depuis le 21 décembre, les députés du Parti démocratique des peuples (HDP) organisent une veillée quotidienne à Ankara pour demander la fin de l’isolement d’Öcalan et la réouverture des négociations de paix. Ils ont également fait leur propre demande pour rendre visite à Öcalan en prison. (Les questions posées au parlement se heurtent tout simplement à un déni de l’existence de l’isolement).
Les députés soulignent que l’isolement des prisonniers d’İmralı constitue non seulement une torture et un déni des droits de l’Homme, mais bloque également la voie vers un avenir démocratique et pacifique pour l’ensemble de la Turquie. Ils expliquent que “l’acteur le plus important pour résoudre le problème kurde est M. Öcalan”. Les entretiens avec M. Öcalan au cours du processus de paix [2013-2015] ont démontré que le plus sûr moyen d’assurer la paix à savoir établir une vie commune au Moyen-Orient, une vie démocratique et égale pour tous les peuples de Turquie passe par une solution honorable et démocratique à la question kurde. La seule façon d’y parvenir est de relancer les négociations…”.
Les députés observent que la mentalité qui a produit l’isolement d’İmralı s’est imposée à l’ensemble de la société, et notamment comme une hostilité envers les Kurdes, ressentie à tout instant de la vie. La veillée devait se dérouler devant le ministère de la Justice, mais les autorités turques ont donné raison aux députés sur l’autoritarisme du gouvernement en mettant des obstacles sur leur chemin. Le premier jour, ils ont été empêchés de quitter le Parlement en marchant ; le deuxième jour, la presse a été empêchée d’assister à leur déclaration ; et depuis le 26 décembre, ils n’ont pas pu atteindre le ministère et ont fait leurs déclarations devant le portail de l’Assemblée parlementaire.
Les députés lancent un appel aux forces démocratiques, mais ils ne peuvent espérer qu’un soutien limité de la part de la principale coalition d’opposition turque, dont les éléments nationalistes ethniques empêchent tout engagement avec le HDP, et encore moins avec le cas d’Öcalan – même si l’État de droit et les droits de l’Homme sont censés être universels.
Au niveau international, cependant, l’isolement d’Öcalan suscite une réaction croissante de la part de la profession juridique. Des organisations d’avocats de plusieurs pays européens ont lancé un appel écrit pour que la Turquie se conforme aux exigences du Comité pour la prévention de la torture (CPT) et pour que le CPT et le Conseil de l’Europe utilisent pleinement les mécanismes existants pour faire pression sur la Turquie. Ils écrivent : “Nous appelons le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe à discuter du refus persistant du gouvernement turc de suivre les recommandations du CPT et à prendre les mesures nécessaires. Face au refus répété du gouvernement turc de se conformer aux recommandations du CPT, nous demandons instamment au CPT de se prévaloir de l’article 10 de la Convention et de publier une déclaration décrivant les principaux abus et leur impact sur la santé des détenus d’Imrali.”