Jean-Pierre Restellini a rendu visite à Abdullah Öcalan en prison à trois reprises en tant que membre du Comité pour la prévention de la torture (CPT) du Conseil de l’Europe. Dans cette interview pour Medya Haber, il parle de ces visites en 1999, 2010 et 2013, au cours desquelles Öcalan, qu’il décrit comme “une personne très sympathique”, est devenu un “bon ami”.
🔴 Jean-Pierre Restellini, a Swiss forensic doctor and jurist who has visited imprisoned PKK leader Abdullah Öcalan in İmralı in 1999, 2010 and 2013 as part of a European Committee for the Prevention of Torture (@CoE_CPT) delegation, shares his experiences.#CPT | #Ocalan |… pic.twitter.com/CVmEr8q1j3
Restellini explique que les conditions physiques d’Öcalan ne sont pas en cause, mais que l’isolement qui lui est imposé est “une violence terrible”, à laquelle il ne peut survivre que parce qu’il sait que le peuple kurde est derrière lui.
Il évoque les restrictions auxquelles est soumis le CPT, qui ne lui permettent pas de publier ses rapports sans la réponse et l’autorisation de l’État critiqué, et explique que si le CPT devait enfreindre ces règles, cela compromettrait la possibilité d’effectuer d’autres inspections.
Restellini répond à une question sur l’inscription du PKK sur la liste des organisations terroristes par le Parlement européen, en faisant valoir que le terme “terroriste” n’est utilisé que pour diffamer certains groupes de personnes et qu’il devrait être interdit – notant que l’inscription sur la liste européenne pourrait avoir été le résultat de pressions politiques. Il décrit également sa discussion avec Öcalan sur les similitudes entre sa situation et celle de Nelson Mandela, qui était considéré comme un terroriste par l’Afrique du Sud, mais qui est devenu le dirigeant du pays.
Comme dans le cas de l’Afrique du Sud, M. Restellini a souligné l’importance de mener des campagnes, y compris des actions telles que la veille devant le Conseil de l’Europe.
Appel à tous les artistes et autres créateurs de culture.
Alors que la culture kurde est niée et interdite par l’État turc, faire campagne par le biais de l’art envoie un message particulièrement fort. La campagne pour la liberté d’Abdullah Öcalan demande à ses amis créateurs d’utiliser leurs compétences pour mettre en lumière la campagne “LIBERTE D’ABDULLAH ÖCALAN : UNE SOLUTION POLITIQUE POUR LA QUESTION KURDE” et de partager leurs actions avec nous afin que nous puissions contribuer à les faire connaître. Cette action culturelle débutera le 5 novembre sous le titre “La liberté multilingue et multiculturelle est possible : on n’emprisonne pas les idées !”
L’objectif est d’utiliser des créations culturelles pour protester contre l’isolement d’Öcalan dans la prison de l’île d’İmralı et pour aider à diffuser les idées libératrices de ses écrits de prison – des idées qui proposent une alternative aux systèmes qui mettent notre monde à feu et à sang et qui montent les gens les uns contre les autres.
L’art et la culture pour la liberté d’Ocalan
La liberté multilingue et multiculturelle est possible : On ne peut pas emprisonner les idées !
Dans le cadre de notre campagne LIBERTE POUR ÖCALAN : UNE SOLUTION POLITIQUE POUR LA QUESTION KURDE, lancée le 10 octobre, nous lançons une campagne régulière sur Twitter. Des actions ont lieu partout dans le monde, mais en voici une à laquelle chacun peut contribuer, où qu’il se trouve.
Nous demandons aux gens de tweeter en soutien à la campagne tous les lundis à 11 heures CET, en utilisant le hashtag #FreeOcalan4PoliticalSolution. Vous pouvez choisir vos propres images et messages, ou transférer nos tweets depuis @Vigil4Ocalan. Contribuons à faire connaître la campagne !
Les pensées qui traversent les barreaux – on n’emprisonne pas une idée!
Un message de la campagne pour la libération d’Abdullah Öcalan
Le 10 décembre 2023, cela fera 75 ans que l’assemblée générale des Nations Unies à ratifié la Déclaration Universelle des Droits Humains de 1948. Mais en dépit de ce fait, pas un jour ne passe sans que les droits humains soient systématiquement violés au Kurdistan et ailleurs dans le monde. La prison turque de l’île d’ Imrali et l’incarcération à l’isolement d’Abdullah Öcalan, principal théoricien et meneur du mouvement de libération Kurde, en est un exemple extrême. Abdullah Öcalan est emprisonné à l’isolement en Turquie depuis plus de 24 ans, privé de tout moyen de communication avec le monde extérieur. Cet enfermement isole ses idées politiques de leur réalisation au sein d’un processus de paix, de la lutte du mouvement de libération Kurde. Il est impossible de compter sur les institutions établies pour la protection des droits humains et contre la torture en détention, telles que le Comité Européen pour la Prévention des Tortures (CPT), le Conseil Européen et la Cour Européenne des Droits Humains. Malgré les nombreuses requêtes et les informations disponibles, ces institutions ne sont pas intervenues contre cette pratique illégale de l’isolement, pourtant considérée comme une torture, et qui inclus de couper la victime de tout contact avec l’extérieur, avocats, et proches.
Afin de briser l’isolement d’Abdullah Öcalan, nous appelons à un Journée des livres d’Öcalan le 10 décembre 2023, journée internationale des droits humains. La libération de Abdullah Öcalan serait le signe qu’une solution politique à la lutte du peuple Kurde pour sa liberté serait possible, plutôt que l’isolement, la répression, et la guerre. Malgé l’isolement et la diffamation d’état, les écrits et la philosophie politique d’Abdullah Öcalan se sont répandus dans le monde. Ses idées ont inspiré intellectuels, libre-penseurs, scientifiques, travailleurs, activistes, artistes, syndicalistes, mouvement sociaux, politiciens, familles, et même des sociétés entières.
Depuis le réveil démocratique des Printemps Arabes, un système de gouvernement autonome basé sur les idées d’Abdullah Öcalan émerge dans le nord et l’est de la Syrie. Ces idées reposent sur trois pilliers que sont la libération des femmes, l’écologie, et la démocratie radicale. Le mouvement de libération Kurde a non seulement organisé démocratiquement et éduqué politiquement la société Kurde en Turquie, Syrie, Iraq et Iran. Son influence a porté jusque dans la disapora Kurde, tout particulièrement en Europe. Et au delà, la philosophie politique et l’exemple du mouvement Kurde ont un impact sur des populations qui reprennent espoir dans un changement démocratique, et une convergence de l’organisation politique contre la fragmentation et l’isolement des luttes. La philosophie politique du mouvement Kurde, développée par Abdullah Öcalan, nous redonne espoir dans la possibilité d’un modèle social démocratique. Ce processus de démocratisation profonde et de dissolution des relations de domination entre les genres, les groupes sociaux, et envers les ressources naturelles, peut s’enrichir et gagner en élan. Si Öcalan pouvait être libéré de son emprisonnement à l’isolement, la situation politique changerait à tel point qu’une solution Kurde deviendrait tangible. La libération d’Öcalan est une précondition nécessaire à un processus de paix.
Les écrits de prison d’Öcalan forment une vision enthousiasmante d’un mouvement de libération centré sur la liberté des femmes, la démocratie et l’écologie. Öcalan a participé à revigorer le mouvement de libération Kurde en proposant la vision révolutionnaire d’un modèle démocratique à la portée jusqu’ici inégalée. “Au-delà de l’état, du pouvoir et de la violence”, et particulièrement les cinq volumes du “Manifeste pour une civilisation démocratique”, forment une recherche passionnante sur la vie sans l’état et le mouvement de libération Kurde. Ils proposent une vision d’une société démocratique et écologique et de nouvelles perspectives pour la quête d’un nouveau socialisme. L’appel d’Öcalan en faveur de formes non-hiérarchiques d’organisation sociale et démocratique mérite une attention particulière de toute personne intéressée par une réflexion constructive sur la reconstruction d’une société sur des lignes féministes et écologistes.
Dans cet esprit, le mouvement pour la libération d’Abdullah Öcalan appelle les éditeurs, écrivains, libraires, éducateurs, étudiants, travailleurs, et tous ceux qui luttent à nous rejoindre pour le „Journée des livres d’Öcalan“, le 10 décembre 2023, en reprenant le slogan “les pensées qui traversent les barreaux – on n’emprisonne pas une idée !” – en signe de protestation contre l’emprisonnement à l’isolement à Imrali, et pour répandre l’idée de liberté des écrits de prison d’Öcalan.
#Prenez position contre l’isolement à Imrali, lisez un livre d’Öcalan !
Le 10 octobre 2023, une campagne internationale intitulée LIBERTE POUR OCALAN – UNE SOLUTION POLITIQUE A LA QUESTION KURDE a été lancée avec 74 manifestations dans différents endroits du monde. L’événement central s’est tenu à Strasbourg, siège du Conseil de l’Europe et de sa Cour européenne des droits de l’homme. La veille au soir, l’État français a retiré l’autorisation d’organiser l’événement à Strasbourg. Les invités étrangers et les centaines de Kurdes ont été contraints de manifester dans une petite rue isolée, tandis que les députés du Conseil de l’Europe faisaient leurs déclarations dans le bâtiment du Conseil.
Cette semaine, une campagne appelant à la libération d’Ocalan et à une solution politique pour la question kurde a été lancée avec 74 réunions à travers le monde. La réunion principale devait se tenir à Strasbourg, en France, à l’extérieur du Conseil de l’Europe, qui a été créé pour défendre les droits de l’homme. Il est prévu que les déclarations des orateurs internationaux, y compris des hommes politiques participant à l’Assemblée parlementaire du Conseil, soient accompagnées de quatre jours d’action publique dans la rue devant le Conseil, rassemblant des centaines de personnes.
A la dernière minute, les organisateurs ont reçu un message leur annonçant que l’autorisation de cet événement prévu de longue date avait été annulée par l’Etat français. Il ne peut y avoir de manifestation ni à Strasbourg, ni à Paris. Pire, la principale raison invoquée était que les organisateurs avaient partagé sur les médias sociaux un message de dirigeants du mouvement kurde exprimant leur soutien au Hamas. Ils n’ont produit aucune preuve à l’appui de cette accusation, mais il ne devrait pas être nécessaire de dire que le mouvement kurde, qui a perdu 12 000 personnes en défendant le monde contre ISIS et qui inspire le mouvement Women Life Freedom contre le régime iranien, n’a rien en commun avec la vision du monde du Hamas et condamne la violence à l’encontre des civils. Quoi qu’il en soit, l’accusation de l’État a été publiquement tweetée par la Préfecture du Bas-Rhin, une action qui pourrait avoir de graves conséquences pour l’ensemble du peuple kurde. Chaque acte de répression par un État normalise la répression par d’autres. Et la manière dont cela a été fait est incroyablement dangereuse.
Malheureusement, les Kurdes sont habitués aux revers, et des dispositions ont rapidement été prises pour réorganiser les déclarations de Strasbourg en deux endroits. Les orateurs invités se sont exprimés dans l’espace situé devant la gare, tandis que les députés présents pour l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe se sont exprimés dans le foyer du bâtiment du Conseil, à l’extérieur de la salle des débats. Le soutien des députés a été clair et fort – à la fois pour le message original de la campagne en faveur de la liberté d’Öcalan et d’une solution politique à la question kurde, et pour la condamnation de l’interdiction de l’État français.
Emmanuel Fernandes, député de Strasbourg, a clairement indiqué que la décision de l’État français était contestée par les parlementaires français eux-mêmes. Paul Gavan, de l’Irlande, a fait remarquer que cette attaque contre les droits fondamentaux avait lieu au sein même de l’organe européen chargé de les défendre, et a utilisé l’exemple de l’accord de paix irlandais pour insister sur la nécessité d’un dialogue global. Laura Castel, députée catalane, a parlé des conclusions de la récente délégation d’Imrali, dont elle faisait partie, qui a examiné comment le régime extraordinaire d’isolement imposé à Öcalan est devenu un pilote pour les mauvais traitements infligés à tous les prisonniers politiques de Turquie. Jeremy Corbyn, du Royaume-Uni, a souligné l’importance d’Öcalan pour la paix. Les députés Andrej Hunko (Allemagne), Søren Søndergaard (Danemark), Adrea Orlando (Italie) et Alexis Tsipras (Grèce) étaient également présents.
Nous contestons la décision de la Préfecture devant les tribunaux et partagerons la vidéo de l’événement d’aujourd’hui dès qu’elle sera disponible. Pendant ce temps, les actions se poursuivent dans le monde entier.
MISE À JOUR La manifestation strasbourgeoise qui devait se dérouler devant la gare a été déplacée à nouveau, pour être cachée dans la petite rue devant le centre communautaire kurde.
Il y a vingt-cinq ans aujourd’hui, Abdullah Öcalan était contraint de quitter la Syrie et de se lancer dans une quête d’asile qui allait se solder par son enlèvement en Turquie par un complot international mené par la CIA. Beaucoup de choses se sont passées au cours de ces années, mais beaucoup d’autres sont restées tristement inchangées.
Les comploteurs ne s’attendaient pas du tout à ce que, vingt-cinq ans plus tard, Öcalan ait plus de partisans que jamais, et pas seulement parmi les Kurdes. Ils n’auraient pas non plus pu imaginer que cinq millions de personnes vivraient en Syrie dans une société autonome inspirée de sa philosophie. Mais l’oppression de la lutte kurde par la Turquie n’a pas cessé, et la Turquie peut toujours compter sur le soutien international. Ces dernières années, les conditions d’incarcération d’Öcalan n’ont fait qu’empirer et, depuis trente mois, il lui est interdit d’entrer en contact avec qui que ce soit à l’extérieur de la prison.
En tant que leader reconnu par des millions de Kurdes, Öcalan détient la clé d’un règlement pacifique entre la Turquie et ses citoyens kurdes. Mais le gouvernement turc ne veut pas la paix. Les rassemblements contre les Kurdes bénéficient d’un soutien populiste et sont devenus un substitut utile pour résoudre les graves problèmes économiques et sociaux de la Turquie. La Turquie voudrait nous faire croire qu’Öcalan est détenu en prison parce qu’il représente un danger de violence. En réalité, il représente une possibilité de paix, et c’est de la paix que le gouvernement turc a réellement peur. Pendant ce temps, les politiciens internationaux, qui aiment manifester leur soutien à l’œuvre de paix de Nelson Mandela, détournent le plus souvent le regard. Une nouvelle campagne sera lancée demain, à Strasbourg et dans le monde entier, pour attirer l’attention sur cet échec international.
La campagne “Liberté pour Ocalan – Une solution politique à la question kurde” rassemble des mouvements sociaux, des partis politiques, des municipalités, des syndicats, des militants, des intellectuels et des millions de Kurdes et leurs amis dans le monde entier autour d’un objectif commun : rendre possible une solution politique juste et démocratique à la question centenaire des Kurdes de Turquie en permettant au leader kurde Abdullah Öcalan de participer à un dialogue renouvelé.
Lors de sa dernière conversation avec ses avocats, en 2019, Öcalan a déclaré qu’il pourrait résoudre la question kurde en une semaine si on lui en donnait la possibilité, et qu’il avait encore développé ses idées pour une solution politique à la question kurde depuis que le gouvernement turc avait abandonné les pourparlers de paix pour la dernière fois. Alors que la Turquie étend son occupation du Kurdistan irakien et du nord et de l’est de la Syrie et qu’elle réprime la dissidence dans le pays et à l’étranger, une solution politique est plus que jamais nécessaire.
Nous sommes également plus que jamais préoccupés par la sécurité et le bien-être d’Öcalan. L’isolement est internationalement reconnu comme une forme de torture. Il est extrêmement dangereux que cette forme de torture perdure aussi longtemps. Nous ne savons rien du sort d’Öcalan, si ce n’est qu’il a récemment fait l’objet de “mesures disciplinaires” visant à bloquer des réunions sous de faux prétextes et qu’il aurait reçu des menaces de mort.
Cette situation est insoutenable.
La campagne formule la demande suivante :
Le leader kurde Abdullah Öcalan doit être autorisé à rencontrer ses avocats et sa famille et, enfin, être libéré dans des conditions qui lui permettent de jouer un rôle dans la recherche d’une solution politique juste et démocratique au conflit kurde qui sévit en Turquie depuis des décennies.
La campagne a publié un dossier sur la situation d’Ocalan. Vous pouvez en télécharger une copie ici :
Sidar assure la musique des célébrations de l’anniversaire d’Öcalan à la Vigile de Strasbourg
Pour la plupart des gens qui passent sur le boulevard verdoyant pour se rendre au jardin public, l’univers des hommes et des femmes qui participent à la Veillée pour Öcalan semble incompréhensiblement étranger. Certains de ces hommes et de ces femmes ont passé des années dans les prisons turques où ils ont subi des traitements inimaginables. D’autres ont perdu des proches aux mains de l’armée turque. Beaucoup sont dans l’impossibilité de retourner en Turquie et risquent de ne plus jamais rencontrer leurs parents âgés. Sidar Amedi est arrivé à Strasbourg en tant que réfugié de Turquie il y a deux ans, et il est devenu un habitué de la Veillée. Dans cette compagnie, son histoire extraordinaire devient plus ordinaire. C’est un microcosme de la situation difficile des Kurdes, qui donne une meilleure idée de ce que signifie être Kurde que ce que l’on peut trouver dans n’importe quel manuel.
Sidar a appris la politique très jeune. Dans les jours agités qui ont précédé le coup d’État de 1980 en Turquie, même un élève de l’école primaire ne pouvait échapper aux affrontements avec les fascistes, et il a été blessé à l’âge de sept ou huit ans seulement. Après le coup d’État, son frère s’est impliqué dans les luttes étudiantes à l’université et a enseigné au jeune Sidar le patriotisme kurde, le socialisme et la musique. Les chansons de Şivan Perwer ont été une autre de ses grandes sources d’inspiration. Sidar est musicien.
En 1991, alors qu’il a 20 ans et qu’il milite au sein du Mouvement pour la liberté du peuple kurde, Sidar se joint à 100 000 personnes pour les funérailles de Vedat Aydın, homme politique kurde et dirigeant du Parti du travail du peuple (HEP), dont le corps gravement torturé a été retrouvé deux jours après son enlèvement par l’État turc. Le péché mortel d’Aydın, aux yeux de l’État, était son insistance à utiliser le kurde. Les partisans de l’enterrement ont été accueillis à l’arme automatique, tuant plus de vingt personnes. Sidar a été blessé dans la bousculade, mais c’est son esprit qui a été le plus touché. Il a été confirmé dans son engagement envers le Mouvement.
Les années 1990 sont une période particulièrement dangereuse pour les Kurdes engagés politiquement. Sidar était actif au sein du Centre culturel de Mésopotamie à Diyarbakir, principalement dans le domaine de la musique, jusqu’à ce qu’il soit arrêté en septembre 1993 et condamné à trois ans et neuf mois de prison. Après sa libération, il a été emprisonné à nouveau pendant un an.
Une fois libéré, il a continué à faire de la musique et de la politique – et bien sûr, faire de la musique kurde est en soi une forme de politique – mais il a été de nouveau détenu en 2011. Cette fois, il faisait partie des centaines de personnes accusées d’aider le PKK dans le cadre de l’affaire KCK, qui est toujours en cours.
Sidar est devenu un homme marqué, tout comme sa famille. En 2011 également, deux de ses fils, qui transportaient des feux d’artifice, ont été accusés de préparer un attentat à la bombe. L’aîné, alors âgé de treize ans, a été incarcéré pendant un an et demi. Le plus jeune, Mazlum, âgé de onze ans, a été libéré au bout de cinq jours. Parce qu’ils étaient mineurs, leurs peines finales ont été converties en amende, ce qui ne les a pas empêchés d’être torturés en prison.
Pour Mazlum, et pour sa famille aussi, ce fut le premier pas vers un cauchemar. Mazlum İçli est désormais connu comme le garçon qui a été condamné à la perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle pour un meurtre que tout prouve qu’il n’a pas commis, afin de plaire au gouvernement turc.
Le cas de Mazlum est lié à l’affaire Kobanê, qui est une pièce maîtresse dans la tentative de destruction du Parti démocratique des peuples (HDP), parti de gauche pro-kurde, par le gouvernement turc. En 2014, la ville de Kobanê, majoritairement kurde, située juste après la frontière syrienne, était assiégée par ISIS et personne ne leur venait en aide – encore moins la Turquie dont la seule action était d’empêcher les volontaires kurdes de passer en Syrie, bien qu’elle ait facilité l’entrée des personnes rejoignant ISIS. Dans le monde entier, les Kurdes ont manifesté en faveur de Kobanê, et en Turquie, le HDP a publié un tweet appelant les gens à descendre dans la rue. Les manifestants anti-ISIS ont été accueillis par des forces de sécurité armées et des contre-manifestants violents, en particulier de Hüda Par, le groupe islamiste kurde d’extrême droite dont le prédécesseur a été responsable de centaines de morts dans les années 1990. La lutte qui s’en est suivie a coûté la vie à une cinquantaine de personnes. La majorité d’entre elles étaient des partisans du HDP, mais parmi les morts se trouvaient quatre membres de Hüda Par, dont l’un, Yasin Börü, n’avait que 16 ans. Dans une argumentation qui a été complètement démontée par la Cour européenne des droits de l’homme, les personnes qui ont écrit et diffusé ce tweet du HDP sont tenues pour responsables de tous ces décès, et sont accusées du crime habituel de perturbation de l’unité et de l’intégrité territoriale de l’État. 108 personnes sont jugées et 36 d’entre elles, dont de nombreux membres éminents du HDP, pourraient être condamnées à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle.
Mazlum, avec d’autres, a été reconnu coupable du meurtre de Yasin Börü et des autres membres du Hüda Par. L’affaire de Kobanê a nécessité la condamnation d’un meurtrier ayant des liens avec le Mouvement pour la liberté du peuple kurde. Le fait qu’au moment où le crime a été commis, Mazlum se trouvait clairement et de manière prouvée à 140 km de Diyarbakir pour jouer de la musique à l’occasion d’un mariage n’a pas été autorisé à entraver sa condamnation. L’accusation s’est fondée sur la déposition d’un témoin secret à qui l’on a montré des photographies de personnes ayant un casier judiciaire et qui a désigné Mazlum – et qui a ensuite nié sa déposition. Si le tribunal devait rejeter ce témoin, d’autres condamnations seraient remises en question. Cette semaine, la Cour de cassation turque a approuvé le verdict.
Mazlum joue de la batterie
À un moment donné de la longue procédure judiciaire, l’avocat de Sidar a appelé pour dire que Mazlum avait été déclaré innocent et qu’il serait libéré. Sidar avait déjà acheté un billet d’avion lorsque l’avocat a rappelé une heure plus tard. Dès que le tribunal a ordonné la suspension de l’exécution, le procureur, qui avait auparavant demandé la libération de Mazlum, a fait appel de la décision. Les signes d’une intervention politique venant d’en haut étaient flagrants.
Lorsque Mazlum, alors âgé de 14 ans, a été détenu pour le meurtre, il a été torturé devant son père. Le lendemain, alors qu’il était en détention, son appendice a éclaté et il a dû être opéré d’urgence. Invoquant des “raisons de sécurité”, les autorités ont transféré le dossier de Mazlum à Ankara, à 900 km de sa famille. Il a passé un an et demi à l’isolement, sa famille n’ayant pu le voir que deux fois pendant tout ce temps, puis il a été envoyé encore plus loin, à la prison de Silivri, près d’Istanbul.
En raison de l’affaire de son fils et de sa propre notoriété, Sidar est devenu une cible pour les mafieux de Hüda Par. En 2018, après l’attaque de son bureau, il a trouvé 98 balles. Heureusement, il n’était pas à l’intérieur. Ses autres entreprises et magasins ont été attaqués et incendiés, et lorsqu’il a tenté d’éteindre les flammes, la police l’en a empêché.
En 2019, il a de nouveau été arrêté pour avoir diffusé des informations sur les médias sociaux et a été condamné à une peine de cinq ans d’emprisonnement avec sursis. L’affaire du KCK étant toujours en suspens, les avocats de Sidar lui ont fait savoir qu’il ne serait jamais libre en Turquie. Toujours réticent à quitter son pays, il a rendu visite à Mazlum en prison, qui lui a dit : “Ils t’embêteront toujours : Ils t’ennuieront toujours. Va au Rojava ou en Europe et continue la lutte là-bas.
Il m’a dit qu’il échangerait un an en Europe contre un jour à Diyarbakir. Aujourd’hui, aucun événement communautaire à Strasbourg n’est complet sans la musique de Sidar ; et parmi ses nombreux rôles, on le trouve souvent en train d’aider à l’organisation de la veillée Öcalan. En me racontant sa propre ordinaire histoire extraordinaire autour d’un thé à l’extérieur du pavillon de pierre où la veillée a élu domicile, il a insisté : Öcalan a réussi à faire prendre conscience au peuple kurde de sa propre identité et à lui montrer le chemin de la liberté grâce à son combat.
Öcalan est au centre de la lutte kurde. Comme le montre l’histoire de Sidar, cette lutte n’a pas encore abouti à la liberté physique des Kurdes de Turquie, mais elle a libéré les Kurdes de la mentalité coloniale et leur a permis de créer un mouvement qui a ravivé la foi en un monde meilleur.
Idris Said et Khanem Ayo s’adressant aux médias lors de la Veillée après avoir rencontré le CPT
Hier, le chef de la division responsable de la Turquie au Comité pour la prévention de la torture (CPT) a rencontré des représentants de l’Initiative syrienne pour la libération du dirigeant Abdullah Öcalan. Khanem Ayo et Idris Said ont apporté avec eux une pétition de 2 646 211 signatures appelant le CPT à jouer son rôle en contribuant à mettre fin à l’isolement d’Öcalan et à permettre les visites de ses avocats et de sa famille, ainsi qu’à œuvrer pour sa libération. Les signataires viennent d’Alep, de Damas, du Liban, de la région du Kurdistan irakien et, pour environ 2 millions d’entre eux, du nord et de l’est de la Syrie. La population du nord et de l’est de la Syrie ne compte qu’environ 5 millions de personnes, dont 35 % ont moins de 16 ans et sont donc peu susceptibles de signer une pétition. 2 millions de personnes représentent plus de 60 % de la population restante. Ayo et Said étaient accompagnés de Fayik Yagizay, le représentant du Parti démocratique des peuples (HDP) auprès des institutions européennes.
Après avoir entendu parler de l’énorme soutien manifesté à Öcalan, non seulement par les Kurdes mais aussi par les autres habitants du nord et de l’est de la Syrie, et de l’importance qui lui est accordée, les représentants du CPT ont parlé des nombreuses visites de l’organisation à İmralı et des autres travaux qu’ils effectuent dans l’intervalle. En ce qui concerne leur dernière visite en septembre dernier, ils ont déclaré que la délégation avait rencontré Öcalan et les trois autres prisonniers, et que le rapport du CPT avait été remis au gouvernement turc pour qu’il y réponde, comme l’exige la procédure. Bien sûr, nous voulons plus d’informations que cela – et les avocats ont souligné que, si les circonstances l’exigent, les règles permettent de fournir des informations de base même si le rapport complet n’a pas été rendu public. Toutefois, les propos du CPT indiquent clairement que l’histoire selon laquelle Öcalan aurait refusé de rencontrer sa délégation n’était qu’une rumeur malveillante, tout comme les rumeurs antérieures concernant sa mort. Lorsqu’aucun contact n’est autorisé, il y a toujours un risque que les informations qui sortent de la prison soient destinées à semer la confusion.
Avant de se rendre à la réunion, Ayo et Said ont répondu à mes questions sur le soutien à la pétition et aux idées d’Öcalan. J’ai commencé par leur demander comment les signatures avaient été recueillies. Said a expliqué qu’après que la pétition ait été suggérée, ils ont mis en place des comités d’organisation pour se concentrer sur différents groupes de personnes : les jeunes, les femmes, les différents groupes ethniques, les différentes villes et les différents villages, et ils ont fait du porte-à-porte. Ils ont commencé à collecter des signatures le 12 janvier et ont terminé par une conférence de presse à Qamishlo le 13 mars. Öcalan s’était forgé une énorme base de respect et de soutien auprès de tous les peuples de Syrie lorsqu’il vivait dans ce pays pendant près de deux décennies (de 1979 à 1998), et la participation à la campagne de collecte de signatures a été intense, y compris une énorme participation parmi les Arabes.
En réponse à ma question sur l’ampleur de l’impact d’Öcalan lorsqu’il était en Syrie, Said a évoqué ses souvenirs de participation à des activités dans toute la Syrie et a souligné, une fois de plus, que pour Öcalan, le contact avec tous les différents groupes ethniques était une priorité.
J’ai demandé comment les idées d’Öcalan étaient restées vivantes après son expulsion de Syrie en 1998. Ayo a répondu que bien qu’Öcalan ait été physiquement capturé, ses idées et sa philosophie se sont répandues encore plus qu’auparavant – et que la lutte des femmes a joué un rôle important à cet égard, en raison de la place importante qu’elles occupent dans la philosophie d’Öcalan. La philosophie ayant été maintenue en vie, elles ont pu profiter de l’occasion qui se présentait pour la mettre en pratique. La philosophie d’Öcalan était liée au désir de liberté des Kurdes. La révolution du Rojava avait deux objectifs : la liberté des peuples et la liberté d’Abdullah Öcalan.
Said a expliqué que lorsque Öcalan était en Syrie, il a eu des milliers de réunions en face à face. Des milliers de jeunes ont rejoint le PKK et plus de 5 000 ont été tués dans la lutte. Après l’expulsion d’Öcalan de Syrie, les relations entre la Syrie et la Turquie se sont améliorées et les Kurdes de Syrie ont subi une grave oppression de la part du gouvernement. Des milliers de personnes ont été emprisonnées et torturées, ou ont disparu. Said lui-même a été détenu quatre fois. Beaucoup de gens étaient en prison lorsque la révolution du Rojava a commencé, et beaucoup d’autres personnes [comme Mazloum Abdi, aujourd’hui commandant des Forces démocratiques syriennes] sont venues en Syrie pour soutenir la révolution.
J’ai posé des questions sur le rôle des personnes qui étaient actives à l’époque d’Öcalan et sur celui des personnes politisées dans la révolution. Said a commencé sa réponse en affirmant qu’il n’y aurait pas eu de révolution au Rojava sans Öcalan, et que même avant la révolution, les familles influencées par Öcalan étaient actives dans la défense de leurs régions contre les attaques du régime syrien ou des groupes djihadistes. Il a de nouveau souligné que la participation des différentes ethnies – qui est désormais systématisée pour garantir que les différents groupes jouent un rôle à part entière dans les structures organisationnelles – remontait à l’époque où Öcalan était en Syrie.
Khanem Ayo est elle-même un exemple de personne devenue politiquement active après la révolution. Pour elle, l’élément déclencheur a été l’assassinat de son oncle en 2012, alors qu’il tentait – en tant que président de son conseil local – de négocier la paix avec des membres de Jabhat ul-Nusra (la branche syrienne d’Al-Qaïda qui fait désormais partie de Hayʼat Tahrir al-Sham).
Lorsque j’ai posé des questions sur les difficultés rencontrées pour diffuser les idées d’Öcalan dans les zones non kurdes, telles que Raqqa et Deir ez-Zor, Said a déclaré qu’au départ, les gens étaient réticents à se rendre dans ces zones, mais qu’Öcalan leur rappelait leur devoir révolutionnaire. Cela s’est passé pendant le processus de paix 2013-2015 et la communication avec Öcalan était donc possible.
Ayo observe que Raqqa et Deir ez-Zor ont beaucoup souffert à cause de Daesh- en particulier les femmes – et qu’elles étaient donc prêtes à accueillir cette idéologie différente et sa démocratie. Bien qu’il y ait encore des sympathisants du régime syrien ou de Daesh, la plupart des habitants , dit-elle, “sont de notre côté”.
Après 28 mois sans contact avec Öcalan, et à la suite d’allégations de menaces d’empoisonnement, des représentants de la société civile européenne se sont rassemblés devant le Parlement européen à Bruxelles la semaine dernière pour exiger que l’UE et d’autres institutions européennes respectent les principes qu’elles prétendent défendre – la démocratie, les droits de l’homme et l’État de droit – et fassent pression sur la Turquie pour qu’elle se conforme au droit international dans le traitement qu’elle réserve à Abdullah Öcalan. Ils ont également demandé qu’il soit libéré et qu’il ait la possibilité de négocier une solution pacifique à la question kurde, ils ont parlé de son importance en tant que penseur et de la façon dont ses idées ont inspiré leurs propres organisations.
Vous pouvez visionner l’intégralité de l’événement ici :
Après un mot de bienvenue de Xanum Ayu du Rojava, le premier intervenant était Simon Dubbins, co-animateur de la campagne « Trade Union Freedom for Öcalan » au Royaume-Uni, a exigé de savoir ce qui se passait avec Öcalan. Il a souligné qu’aucun autre prisonnier n’était détenu dans de telles conditions et qu’Öcalan détenait la clé pour la paix.
Antonio Amoroso s’est exprimé au nom de la CUB, la « Confederazione Unitaria di Base » (Confédération unitaire de base, syndicat) , qui s’inscrit dans la tradition italienne du syndicalisme de base. Il a expliqué que son syndicat applique les principes de confédéralisme démocratique d’Öcalan et que ces idées pourraient également aider les institutions européennes.
Michela Arricale, avocate italienne spécialisée dans les droits de l’homme, a démontré comment la passion peut être combinée avec des détails juridiques en expliquant comment le Comité pour la Prévention de la Torture (CPT) ignore un paragraphe essentiel de son propre règlement lorsqu’il affirme qu’il ne peut pas divulguer d’informations sur sa visite à la prison d’Öcalan. Le CPT est la seule organisation extérieure aux autorités turques à avoir visité la prison d’İmralı depuis 2019.
Amedeo Ciaccheri est président de la municipalité de Rome VIII. Il a précisé que son message s’inscrivait dans la tradition de soutien à Öcalan manifestée par le peuple italien lorsque ce dernier a tenté de demander l’asile en Italie – bien que Ciaccheri lui-même n’était que jeune à l’époque. Les villes italiennes, a-t-il expliqué, considèrent la liberté d’Abdullah Öcalan comme leur liberté.
(Les organisateurs ont également reçu des messages de soutien de l’ancien maire de Naples, où Öcalan a été fait citoyen d’honneur en 2016, et du maire de Fossalto – également en Italie – où Öcalan a également été fait citoyen d’honneur en 2020).
Laura de Bonfils a apporté le soutien de ses camarades de l’ARCI – Associazione Ricreativa Culturale Italiana, une association culturelle et sociale italienne qui compte un million de membres – et qui demande le respect des droits humains fondamentaux d’Öcalan.
Txente Rekondo s’exprime au nom du syndicat basque LAB, Langile Abertzaleen Batzordeak ou Comités Nationalistes Ouvriers. Il a souligné l’importance d’un leader fort dans un processus de paix et a déclaré que les syndicats basques soutenaient la libération d’Öcalan et de tous les prisonniers politiques kurdes, et demandaient que les Kurdes soient libres de décider de leur propre avenir.
Mike Arnott, président du Scottish Trade Union Congress, a apporté la solidarité du mouvement syndical écossais. Il a souligné que les peuples d’Europe exigent que l’Union européenne soit aux côtés des opprimés et non des oppresseurs.
Roza Saleh, arrivée en Écosse en tant que réfugiée d’Irak alors qu’elle était enfant, est aujourd’hui conseillère municipale à Glasgow. Elle a évoqué l’histoire de la solidarité internationale de l’Écosse, notamment en accordant le statut de membre honoraire à vie de l’université de Strathclyde à Abdullah Öcalan, “un leader, un philosophe et un grand penseur”.
Avant le mot de la fin de Hakim Abdul Karim du Sud-Kurdistan (ou Basur en kurde, région du Kurdistan irakien), Jürgen Klute a pris la parole en tant qu’ancien membre du Parlement européen. Il a rappelé à l’Union européenne la nécessité d’accroître la pression sur le gouvernement turc pour qu’il cesse sa guerre contre les Kurdes à l’intérieur de la Turquie et au-delà de ses frontières, qu’il fasse la paix avec les Kurdes et qu’il libère Abdullah Öcalan.
Sarah Glynn, qui animait l’événement au nom de la Veille permanente pour Öcalan, a fait remarquer que les hommes politiques sont bombardés de questions diverses, mais a rappelé que cette campagne est simple et concrète et qu’elle peut peut faire une grande différence.
(Vous pouvez trouver le document d’information de l’événement avec une liste de recommandations ici).